vendredi 1 avril 2011

L’interrogatoire

Vidéo: capture d'écran


L’heure est tardive et par ces jours de feu et de sang en Libye trouver un commerce ouvert est un vrai miracle. On s’excuse donc de ne pas pouvoir leur servir de repas. En revanche, on leur offre à boire et leur parle avec beaucoup d’égard. Pendant de longues minutes, on leur parle d’ailleurs de tout, sauf de l’essentiel : qui sont-ils et que viennent-ils faire à Zentan ? Depuis qu’elle est entrée en dissidence voici un mois et demi contre le régime du Colonel Kadhafi, la ville est interdite aux inconnus. Les insurgés qui la contrôlent craignent d’être infiltrés par des agents secrets du régime. Les deux hommes doivent donc s’expliquer, quitte à ce que les premières questions attendent encore longtemps.
C’est Hadj Moussa et Hadj Ibrahim, les deux chefs insurgés les plus âgés présents qui franchissent le pas. Les deux hommes racontent qu’ils ont été arrêtés au premier check-point à l’entrée ouest de la ville. Ils disent qu’ils habitent à Assabaa, une ville située à l’est de Zentan,  où ils travaillent dans le même hôpital. Ils disent qu’ils reviennent du désert du sud-ouest, où paît leur troupeau de chameaux.  Ils disent qu’ils se sont trompés de chemin.
Jamais Hadj Moussa et ni Hadj Brahim, ne les feront varier de version. Même lorsqu’ils décident de les interroger séparément, leur ligne de défense reste la même. Mais au moment où ils pensent les relâcher, un jeune insurgé parti fouiller leur voiture revient avec des plaques d’immatriculation. On y lit en rouge sur fond noir « Le peuple armé », un vieux slogan de Kadhafi qui accompagne les numéros de certains véhicules militaires. S’ensuit une fouille au corps et la découverte de documents devant lesquels les deux suspects n’avaient guère le choix : ils sont tous les deux des sous-officiers et travaillent dans la police militaire de Kadhafi. Mais ils n’étaient pas en mission, affirment-ils.

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