samedi 2 avril 2011

Le luxe de Zentan

A Zentan, faute d'approvisionnement, les deux stations de carburant sont fermées depuis plusieurs jours.

A Zentan, c’est le centre du monde.  Une petite maison ordinaire comme on en voit partout dans ce quartier populaire du centre de la ville. Nuit et jour, insurgés et simple citoyens s’y pressent dans une pagaille sans nom. La tension n’est jamais loin. Mais jusqu’ici, tout se passe plutôt bien. Ceux qui viennent ici, n’ont pas le choix. A Zentan, c’est le seul lieu où on peut espérer trouver un peu de carburant, depuis que les deux stations de la ville sont fermées, faute d’approvisionnement. « Jusqu’il y a peu, on arrivait à amener un peu d’essence et de gasoil, mais depuis quelques jours, cela n’est plus possible. Les routes qui nous relient aux villes du nord, comme Tripoli et Zaouiya, d’où on s’approvisionnait d’habitude sont toutes bloquées par des partisans de Kadhafi. Aucune citerne n’a pu arriver ici depuis une dizaine de jours. Sous peu, on ne pourra plus bouger. Nous sommes assiégés par l’armée. Sans doute qu’elle prévoit de nous attaquer. Imaginez vous s’il y a des blessés, comment on va les évacuer ?» se plaint Ali Salah, un des chefs de l’aile politique locale des insurgés.
A Zentan, si le carburant était le seul produit qui se fait aujourd’hui rare, les habitants seraient presque heureux. La nourriture manque aussi. En ville, aucun marché n’est ouvert. Les rares commerces encore en activité se résument à deux vendeurs ambulants de légumes, trois magasins de pâtes, produits tous importés clandestinement de la Tunisie voisine. Même le pain est devenu un luxe. Sur la dizaine de boulangeries que compte, en temps normal, Zentan, une seule travaille encore. Mais sa production ne dépasse guère quelques centaines de baguettes par jour.
« Les pharmacies sont fermées et à l’hôpital les médecins n’ont pas de quoi nous soigner correctement», explique Abderrazak Baccouche un insurgé, blessé à la main lors des derniers accrochages survenus à l’entrée ouest de la ville entre les rebelles et l’armée régulière.

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